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A la recherche d'un rendu de parquet chêne (16 ans plus tard...)

Lorsque j'habitais Nancy il y a 16 ans, en visitant divers apparts à louer (en passant : l'architecture des apparts début XXème est incroyablement belle à Nancy), j'ai vu ce parquet chêne massif :

Depuis je ne cesse d'y repenser, et j'ai recherché cela dans mes appartements succesifs. Actuellement en rénovation de maison, où un parquet chêne va prochainement être poncé, je vais tout naturellement chercher à reproduire cet effet.

Mais beaucoup d'obstacles se présentent :

• Théories défaitistes “Ce rendu n'est possible qu'avec la patine du temps, donc impossible à avoir sur un parquet fraichement reponcé” => ok, mais je vais essayer quand même !

• Il y a mille solutions possibles pour le choix de produit : vernis, vitrificateur (avec toutes ses déclinaisons : mat, semi-satiné... / incolore, teinté... diverses marques: V33, etc.), fond dur, huile de lin, cire... Donc mille possibilités d'être déçu et de n'avoir pas exactement le rendu souhaité. Un soupçon trop orangé ou rougeoyant et, je le sais, je serai mécontent d'être passé à côté de ce que je cherchais.

• J'ai parcouru une quantité d'articles ou tutos sur internet, mais aucun ne donnait exactement ce résultat : il faut l'avouer, le rendu n'est souvent que très moyen, même avec du parquet massif très onéreux (exemple : ce parquet chêne neuf : on ne retrouve aucunement le charme des parquets anciens, d'une part à cause de la teinte, et d'autre part car la trop grande perfection de coupe et le fait qu'il n'y ait aucun espace entre les lames donne presque l'impression d'un parquet plastifié !)

Par ailleurs les recherches Google sur le sujet mènent à des quantités de produits de boutiques en ligne, avec des noms enchanteurs du type "Vitrificateur patine ancienne effet vieilli", mais au final il est impossible de tout tester (il faudrait acheter des dizaines de produits), ni de les comparer entre eux car la composition des produits n'est pas indiquée (en informatique on dirait : pas open source !).

Par ailleurs, des tutos Youtube montrent des astuces pour teinter le bois avec des sachets de thé ou un mélange vinaigre+paille de fer. Certes. Cela marche peut-être. Mais raisonnablement, utilisaient-ils cela à grande échelle dans les années 1910 lorsqu'étaient posés des parquets dans des centaines de mètres carrés d'appartements ? A coup de dizaines de kilogrammes de thé ou de litres de mélange vinaigre + paille de fer ? J'en doute. (Si vous avez des infos, je suis preneur)

Reprenons : ce parquet que j'aimais tant dans ce vieil appartement a sans doute été teinté début XXème siècle, donc tant qu'à faire, autant chercher dans des produits disponibles à l'époque. Exit donc les vitrificateurs modernes, etc. Ce qui limite le choix. Mais quelle recette précise utilisaient-ils à l'époque ? Idée : pourquoi ne pas utiliser Gallica, fonds documentaire numérisé de la Bibliothèque Nationale de France ?

Et je finis par trouver cela dans La Revue de l'habitation, Ma petite maison, (Paris), 1908 :

Egalement ici, dans Au Bon Marché, Catalogue. Ménage, orfèvrerie, services de table, articles de jardin, outillage, entretien, 1926 :

Par ailleurs, dans Nouvelle encyclopédie pratique du bâtiment et de l'habitation. Volume 9, René Champly :

Extrait 1 : CHAPITRE XII ENCAUSTIQUES, BROU DE NOIX Les encaustiques sont des dissolutions de cire que l'on applique sur les parquets ou boiseries destinées à être cirées(...)Après que l'encaustique est sèche, il suffit de frotter avec un chiffon de laine ou avec une brosse à parquet pour obtenir une surface lustrée(...)l'encaustique ne doit être appliquée que sur des surfaces propres et sèches(...)

Et également dans Technologie de l'employé d'hôtel / par A. Fabre, E. Guiard, 1921-1926:

Voir aussi L'Entrepreneur de peinture en bâtiment, traité par F. Nimbeau, concernant peinture, vitrerie, dorure, miroiterie, encadrement, tenture, 1894.

Voilà la solution !

• Encaustique = mélange cire d'abeille + essence de thérébentine (classique à l'époque)
• Teinte au brou de noix (classique à l'époque)

Après quelques tests (photos à venir un jour) concernant le dosage respectif des constituants, j'arrive enfin à trouver le résultat espéré.

PROBLEM SOLVED, 16 YEARS LATER !

Voici la règle que je viens de formaliser après 40 ans (mais que j'applique inconsciemment depuis longtemps) :

“Quand on veut un résultat précis, avec une attention particulière au détail, rien ne sert de chercher un produit "on the shelf" ("disponible sur étagère" en magasin) pour le faire : cela ne conduira qu'à des déceptions, de n'avoir au final pas exactement le rendu recherché. Au lieu de cela, il faut tout simplement fabriquer le produit soi-même !”
(et au préalable : chercher les constituants de base les plus simples possibles, puis expérimenter)

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